Le quotidien « Le Soir » du samedi 1er juin, en page «Demain» et sous la rubrique agronomie, titre : «L’agriculture bio reçoit ses lettres de noblesse.» Et de nous expliquer qu’une observation scientifique et publiée dans une grande revue internationale affirme qu’elle est moins productive mais plus respectueuse de la terre. L’observation s’est étalée sur 21 ans et elle conclut que le «bio» sous toutes ses formes produit moins mais en utilisant moins de produits chimiques et d’énergie, il utilise donc mieux les ressources disponibles. Mais son principal intérêt réside selon cette étude dans une probabilité qu’à long terme, le sol « bio » restera productif plus longtemps dans la mesure où il est en meilleure santé, où il comporte davantage d’indices que sa richesse écologique est amplement préservée. Les auteurs de l’étude (suisse) estiment que l’agriculture biologique a fait la preuve qu’elle est une alternative réaliste.
Et porteuse, pourrait-on ajouter. Car certains sentant le vent tourner, s’emparent de l’idée et l’habillent de marketing. «Tout au bio» puisque le consommateur en veut, au risque de le dénaturer. Car une conversion vers l’agriculture biologique doit être réfléchie, sentie de l’intérieur. Elle appelle au respect, respect de la terre et de toutes ses composantes. Or, le respect ne constitue pas la chose la mieux partagée dans notre société mercantile, adulant la compétition. S’il faut faire du «bio» intensif, on risque de tomber dans les mêmes travers que connaît l’agriculture classique. Et c’est peut-être une explication, partielle tout au moins, au scandale qui sévit actuellement en Allemagne et qui jette l’opprobre sur l’agriculture biologique. Certains y trouveraient-ils intérêt ?
Le meilleur garant contre l’abus du label, c’est sans doute la chaîne courte. Si l’on connaît la philosophie d’un producteur, on évaluera mieux la confiance qu’on peut lui témoigner. Etablir des relations de confiance exige du temps, beaucoup plus de temps que ne le demande la lecture de trois petites lettres magiques sur une étiquette.