Mode mystique ou réelle alternative aux produits chimiques ?

Il est vrai que dans notre ère industrielle où tout doit avoir une explication scientifique la bio- dynamie fait plus penser à une religion avec des pratiques sectaires qu’à une technique de culture  cartésienne. Mais après avoir passé quelques jours avec Corine Comme au Château du Champ des Treilles dans l’appellation Sainte-Foy-de-Bordeaux, ma vision de cette technique a quelque peu changé. On peut aisément comparer cela à l’opposition qu’il y a entre la médecine dite traditionnelle et les médecines parallèles telles que l’homéopathie ou la médecine chinoise. Dans la première, on utilisera des molécules massivement  qui feront disparaître la maladie rapidement, et dans les autres on essayera plutôt de prévenir  ou de  soigner avec des doses minuscules de préparations. Mme Comme qui, il est important de le préciser, possède une formation scientifique d’ingénieur en alimentation, base sa façon de faire sur l’observation de ses plants de vignes et sur les plantes et fleurs qui poussent autour. Avec le temps, elle a appris à reconnaître les variétés de la flore en fonction des saisons. Et si subitement  une espèce non saisonnière  apparaît  en grand nombre, elle en déduit que la nature lui envoie un signal d’alarme. Pour rééquilibrer la situation elle cueille ces plantes anormalement apparues et en fait des tisanes qu’elle pulvérise dans ses vignes, en utilisant, excusez moi du peu, des doses minuscules de 10 g de plantes séchées pour un hectare. C’est comme si la vigne offrait le médicament  dont elle a besoin, il suffit juste de prendre le temps de s’abaisser pour le récolter. Cela paraît magique, mais il doit y avoir une explication que l’homme n’a pas encore su expliquer. Cette technique n’a sa raison d’être que si aucun désherbant n’a été utilisé car cela empêcherait ces plantes « Alarme » de pousser. Il y a une technique en bio-dynamie qui consiste à semer des végétaux entre les rangs de vignes pour y créer de la biodiversité, cela aussi fausserait le signal que donnent les plantes naturellement. Cette manière de voir les choses n’est hélas pas du tout compatible avec la vision scientifique des temps modernes, la science affirmerait que 10 gr par hectare n’ont aucune influence, et qu’une plante pousse à un endroit simplement parce qu’une graine y est tombée et a germé. Et pourtant les vignes du Champ des Treilles  ont l’air bien en forme, on n’y trouve pratiquement pas de maladies, vers de grappes ou champignons. Il semble qu’un équilibre écologique y règne, et il est bien rare d’observer un tel état sanitaire alors qu’aucun produit chimique n’est employé. Corinne utilise bien sûr du cuivre et du soufre mais trois fois moins que les doses préconisées en agriculture biologique traditionnelle. L’industrie chimique a à peine 50 ans d’existence, elle a été la panacée pour augmenter les rendements et éliminer les problèmes, mais finalement elle engendre une résistance de plus en plus forte aux maladies ainsi que  la diminution de la biodiversité qui déséquilibre l’écosystème ambiant. Par contre la bio- dynamie provient de techniques ancestrales qui respectent l’écosystème, elle a besoin de la biodiversité pour fonctionner, elle n’est vraiment pas compatible avec la culture et les rendements à grande échelle.

C’est bio donc c’est bon !!

Nous goûtons de mauvais vins issus d’agriculture biologique et bio-dynamique, et de très bons vins provenant d’agriculture dite conventionnelle, et heureusement l’inverse aussi. La culture est une étape très importante dans l’élaboration du vin mais c’est loin d’être la seule. Entre le terroir, la météo, la décision de récolter à telle date,  la macération, la vinification en fût, inox ou béton, l’extraction et j’en passe, tant d’étapes peuvent porter ou desservir le breuvage.
La veille de mon départ la météo a fait des dégâts importants, une nuée de grêles a déchiqueté une bonne partie des feuilles et des grappes naissantes. Une bonne moitié du vignoble a été endommagée, le millésime 2010 va être bien compromis. Même en travaillant le mieux possible, le vigneron risque toujours que le ciel lui tombe sur la tête.