novembre 27, 2012 in 2012

Vins Automne 2012

Les beaux voyages autour des vins

C’est reparti pour un petit tour dans le vignoble français, à nous le Beaujolais et les Côtes du Rhône nord.

Repas chez les RouvièreCette fois, j’embarque Jean-Charles avec moi. Il m’accompagnera pour quelques jours, dans le Beaujolais et les Côtes du Rhône nord.

Dimanche 2 septembre.

Avec notre escargot mobile, c’est un peu « Le Bonheur est dans le pré », nous voyageons avec le Michelin ou le Gault-Millau et l’on se dit : « Nous serons plus ou moins à telle heure à tel endroit pour souper ». Du coup, nous cherchons une bonne table et notre choix s’est porté sur l’Hôtel Restaurant La Marande à Mirande près de Tournus. Excellente table avec une belle carte des vins et un accueil plus que convivial.

Lundi 3 septembre

Le lendemain matin, nous voici à pied d’oeuvre au Domaine des Terres Dorées, chez Jean-Paul Brun. J’adore les 2011 dans le Beaujolais et pratiquement dans tout le vignoble français, vous le comprendrez au fur et à mesure de mon récit. Mes coups de coeur vont au Beaujolais l’Ancien et au Côte de Brouilly.
Le soir, nous arrivons chez les Rouvière au Domaine du Chêne à Chavanay. Il faut dire que le sud du Beaujolais est très proche du début des Côtes du Rhône septentrionales. A peine 70 km à vol d’oiseau. Le millésime 2010 tient toutes ses promesses et le Saint-Joseph cuvée « Anaïs » est digne d’une Côte Rôtie. Après la dégustation, Marc et Dominique nous convient à leur repas familial. Elle est pas belle la vie !

Mardi 4 septembre

La Jeanraude et le Château GrilletUn tel voyage n’est pas forcément de tout repos. En effet, pour notre deuxième jour d’escapade, nous visiterons trois vignerons, un en matinée et les deux autres dans l’après-midi. Et dire que certaines personnes pensent que l’on s’amuse. Ce qui n’est pas tout à fait faux !
Jean-Charles et François MerlinL’année dernière, vous avez eu le plaisir de faire connaissance avec les vins du Domaine François Merlin, 2situé à Saint-Michel/Rhône au beau milieu de l’appellation Condrieu. Nous allons rentrer les deux cuvées, vraiment délicieuses, de Condrieu 2011 (les Terroirs et la Jeanraude) ainsi que le très bon Côte Rôtie 2010. Malheureusement nous n’aurons pas de Saint-Joseph 2010 car M. Merlin s’est laissé dépasser par l’engouement sur ce joli vin.

Maxime GraillotDébut d’après-midi, nous nous rendons au Domaine Alain Graillot où nous attend Maxime, le fils d’Alain. Maxime commence la dégustation par les vins de sa société de négoce Equis. Le Crozes-Hermitage Equinoxe 2011 se révèle plein de gourmandise, la suite est à l’avenant et le coup de cœur est sans conteste le Cornas 2010.
Lucie Fourel et Sébastien WiedmannSébastien Wiedmann (Domaine le Bel Endroit Saint-Joseph) et Lucie Fourel (Domaine de Lucie Crozes-Hermitage) ont sorti leur 1er millésime en 2010 et ce fut un coup de maître. Ils ont réédité l’exploit sur les 2011 qui sont des bonbonnes de fruits. Soirée extraordinaire avec Sébastien, d’abord au restaurant, ensuite dans sa cave où l’on a goûté toutes ses expériences….

Mercredi 5 septembre

 Ce matin, nous nous rendons à Bogy, petit village situé sur le plateau de l’appellation Saint-Joseph. J’aime beaucoup la pureté des vins de Jean Delobre (Ferme des Sept Lunes) et les 2011 ne dérogent pas à la règle. Les rouges sont délicieux et le blanc pourrait faire son retour dans notre gamme. En effet, Jean a décidé, après quelques déboires, de protéger très légèrement son blanc par du soufre.
Cet après-midi, nous sommes chez les Jaboulet Père et Fils à Mercurol. Magnifique dégustation avec un énorme coup de coeur pour le Cornas 2009.Cave de Philippe et Vincnt Jaboulet
Après cette visite, se termine le voyage pour Jean-Charles. Je le dépose à la gare TGV de Valence et je poursuis ma route tel un «poor lonesome cow-boy»…

Jeudi 6 septembre

La veille, après avoir déposé Jean-Charles, j’ai pris la direction du sud et me suis posé sur le site des Gorges de l’Ardèche. En me réveillant, je n’ai pu qu’admirer la beauté de l’endroit. Au Domaine Pélaquié à Saint-Victor-La-Coste, les vendanges viennent de commencer. A nouveau, la qualité des 2011 m’épate, surtout pour le Lirac rouge.
Même constatation au Domaine Sainte-Anne à Saint-Gervais où les 2011 se révèlent d’une gourmandise sans pareil, surtout le Côtes du Rhône Villages. Jean Stenmaïer sera présent parmi nous lors de notre dégustation d’automne.Rémy Klein et son fils
Aujourd’hui encore, ma journée est bien chargée et je la termine au Domaine de la Réméjeanne à Cadignac. Durant la dégustation, j’ai un gros coup de coeur pour la cuvée « Les Chèvrefeuilles » 2011. L’avantage d’avoir de belles relations d’amitié avec les vignerons, c’est qu’ils me proposent souvent de garer mon mobil-home chez eux et ensuite, après la dégustation, de passer une belle soirée avec eux. Rémy Klein et Ria m’ont emmené dans un magnifique Relais et Châteaux à deux pas de chez eux où se déroulait un vernissage d’un artiste-peintre local. Très belle adresse que ce Château de Montcaud à Sabran près de Bagnols-sur-Cèze.

Vendredi 7 septembre

C’est toujours un plaisir de rendre visite au Domaine Chaume-Arnaud. Valérie et Philippe Chaume se préparent activement pour les prochaines vendanges. « Le Petit Coquet » est une cuvée que nous suivons depuis peu. Ce vin est une cuvée que l’on pourrait qualifier de joyeuse et le 2011 est tout à fait dans cet esprit, c’est un vin de plaisir et de soif par excellence. Les autres cuvées sont toujours en cours d’élevage et finissent leur fermentation très lentement.
L’année dernière, je vous avais parlé d’un vigneron producteur de Vacqueyras et de Gigondas, sans vous en révéler le nom. Je vous avais parlé également de son 1er millésime : 2010. Ces vins étaient fabuleux, mais malheureusement les nouvelles cuves en béton qui leur servaient de contenant n’étaient pas suffisamment sèches et ont rendu les vins très désagréables. Heureusement pour nous, les 2011 sont à la hauteur des 2010 et nous les commercialiserons au printemps. Je peux maintenant vous dévoiler le nom de ce vigneron, il s’agit d’Adrien Roustans du Domaine d’Ouréa.
Chez Jean Marot, au Domaine Vindemio à Ville/Auzon, c’est compliqué, je n’arrive pas à cracher les vins lors de ma dégustation. Aussi bien en blanc qu’en rouge, j’ai un coup de coeur pour toutes les cuvées !

Samedi 8 septembre

Bastide du ClauxC’est bien connu, les bons vignerons apprécient les bons vignerons. Quand, deux jours plus tôt, j’ai annoncé à Rémy Klein et son fils du Domaine de la Réméjeanne que, durant mon périple, j’irais rendre visite au Domaine de Trévallon, ils m’ont dit que ça leur plairait d’y aller un jour également. Alors je leur ai dit de venir avec moi et cette proposition leur a fait très plaisir.
C’est toujours un beau moment d’être reçu par Eloi Dürrbach. Il nous fait goûter les 2011 qui sont tout simplement magnifiques. Les 2010 paraissent plus fermés pour l’instant. Ensuite, Eloi nous donne en dégustation quelques millésimes plus anciens que nous ne pouvons que cracher à l’intérieur.
Au Château d’Estoublon, ni Rémy Reboul, gendre des propriétaires, ni Yann Jouët, directeur commercial, n’étaient présents. Qu’à cela ne tienne, j’ai eu droit à une visite guidée de toute la propriété avec une charmante dame, ce qui n’était pas pour me déplaire ! J’ai regoûté avec plaisir l’Estoublon blanc 2009 et le rouge 2008. Ces vins sont déjà rentrés dans notre cave et c’est avec plaisir que Monsieur Yann Jouët vous les fera goûter lors de notre dégustation d’automne.
Il est de ces adresses où l’on sait d’avance que la soirée risque de se terminer tard. C’est souvent le cas avec Sylvain Morey de la Bastide du Claux et ce fut à nouveau le cas. Parlons d’abord des vins où, une nouvelle fois, les 2011 se sont révélés délicieux, notamment le blanc en chardonnay et la cuvée «les Claux» en vin rouge. Ensuite, la soirée n’a fait que commencer. D’abord, nous avons pris l’apéritif dans un bar à Tapas tenu par un Corse, ensuite nous nous sommes rendus dans un restaurant thaïlandais situé à Lourmarin qui s’appelle le Bamboo-Thaï. De la vraie cuisine asiatique et une très belle carte de vins, que demander de plus ! Ensuite, nous avons terminé la nuit dans un bar avec de la bonne musique. Quand je vous le dis que je ne fais pas un métier facile !

Lundi 10 septembre

A Bandol, Domaine TempierLes vendanges ont débuté à Bandol et, au Domaine Tempier, il règne une belle animation. Les visages sont souriants, il faut dire que la qualité est au rendez-vous. Par contre il y aura moins de vin qu’en 2011 qui était un millésime d’abondance. Le Bandol blanc est une friandise, le rosé est un grand vin quoiqu’en disent les détracteurs des vins de cette couleur. J’ai déjà presqu’envie de boire les rouges 2011 tellement c’est déjà très bon, ce que j’ai fait d’ailleurs, sur certaines cuvées, pour ne pas dire sur toutes. Les 2010 paraissent plus sérieux, avec l’équilibre d’un grand millésime. Mes coups de coeur : Migoua 2011 et Tourtine 2010. Après cette dégustation, Daniel, le régisseur du Domaine Tempier, m’a emmené au Castellet dans un restaurant qui s’appelle Le Pied de Nez, si vous êtes dans le coin, allez-y, vous ne serez pas déçu !

Domaine Tempier

Comme vous l’avez probablement compris, 2011 est un très bon millésime dans toute cette partie de la France. Ce qui n’est pas l’avis de tout le monde. En effet, Yves Gras, du Domaine Santa Duc à Gigondas, me raconte la visite de Robert Parker en son exploitation. Ce monsieur, après avoir dégusté les 2010, n’a pas daigné goûter les 2011, décrétant que cela ne servait à rien puisque, de toute façon, ce n’était pas bon. Ce qui laisse sous-entendre que, quand les grands châteaux bordelais toussent, toutes les autres régions doivent tousser. En tout cas, j’ai eu énormément de plaisir à goûter les 2011 au Domaine Santa Duc. Bien sûr 2010 est un grand millésime et il faudra les encaver, mais 2011 également. La journée s’est terminée en compagnie d’Yves Gras et de son épouse Véronique au restaurant Le Grand Pré à Roaix. Superbe table étoilée !

Mardi 11 septembre

Ça m’a fait plaisir de revoir Yves Gangloff après le drame qu’il a vécu l’année dernière. En effet, Mathilde, son épouse, est décédée en pleine période des vendanges 2011. En tout cas, il lui a rendu hommage en vinifiant de magnifiques 2011 aussi bien en Condrieu qu’en Côte Rôtie. Nous allons à nouveau commercialiser les vins d’Yves Gangloff en fin d’année. Attention, nous n’en aurons pas beaucoup !
Drôle de voyage me direz-vous, puisque je passe et repasse dans les mêmes régions. En effet, me voici à nouveau dans le Beaujolais, au Domaine Paul Janin à Romanèche-Thorins. Les bons vignerons du Beaujolais sont bénis des Dieux. 2009, 2010, 2011, trois grandes années ! Tant mieux pour cette région que j’adore. Coup de coeur pour les trois cuvées que nous importons.
En fin d’après-midi, j’ai rendez-vous au Château des Rontets à Fuissé. Les Pouilly 2011 sont très droits, très purs, mais mon coup de coeur va au Saint-Amour 2011 qui est, pour moi, le meilleur que Fabio et Claire aient jamais fait.

Mercredi 12 septembre

Vignes du Château des RontetsJe fais un bel écart sur ma route pour me rendre à Montagnieu dans le Bugey chez Franck Peillot. Le vignoble de Montagnieu, qui regarde le Rhône, est impressionnant. Il a la même configuration que le vignoble de Rangen de Thann en Alsace, des pentes à plus de 50%. Après cette visite dans le vignoble, je me régale des vins que nous avons déjà importés.

Jeudi 13 septembre

Guillaume GuitonAu Domaine Jean Guiton à Bligny-les-Beaune, j’ai la confirmation que 2011 et 2010 sont deux très beaux millésimes. Ils sont déjà délicieux et pourtant on sent un joli potentiel de garde. En 2011, mes vins préférés, pour l’instant, sont le Beaune 1er cru les Sizies et le Savigny 1er cru les Peuillets. Par contre, en 2010, c’est le Ladoix 1er cru les Corvées et le Pommard que je ne peux absolument pas cracher.
J’arrive un peu en retard chez Philippe Charlopin à Gevrey-Chambertin. Dés lors, j’ai goûté un peu plus de vingt cuvées en une demi-heure approximativement. Philippe avait un rendez-vous important et en plus il est à nouveau papa depuis juillet, ce qui explique un peu la vitesse de l’éclair à laquelle j’ai goûté tous ces vins. Dans l’ensemble, 2011 est une très belle année et le Clos Saint-Denis m’a transporté. J’oubliais de vous conter qu’il y a une grosse révolution chez Philippe et Yann Charlopin, en effet, depuis 2010, il ne rentre plus de bois neuf chez eux et les vins sont devenus beaucoup plus précis dans leur jeunesse.
Après cette visite, j’ai poursuivi ma route vers Sancerre et je me suis arrêté au restaurant Le Pot d’Etain à L’Isle-sur-Serein. On y mange très bien et la carte des vins est extraordinaire. J’y ai bu un Vosne-Romanée 2006 d’Emmanuel Rouget, le neveu d’Henri Jayer, excellent et facturé au prix de 60 € !!!

Vendredi 14 septembre

Laurent ReverdyMon voyage touche à sa fin et je n’ai qu’un seul rendez-vous aujourd’hui en fin d’après-midi. Je ne savais pas que la soirée ne faisait que commencer. Me voici donc dans la région de Sancerre, au Domaine Reverdy-Ducroux. Les 2011 et 2010 sont tout simplement délicieux. Après cette dégustation, ce fut la folie. J’ai pris l’habitude d’offrir de la bière aux vignerons, en l’occurrence de la bière brassée par Alain Brootcoorens à la Brasserie Angélus à Erquelinnes. Je donne donc deux bouteilles à Laurent Reverdy qui me dit que nous allons les boire chez l’un de ses amis. Cet ami en question tient un bar discothèque à Sancerre et là tout a commencé. Nous avons goûté cinq bières en bouteilles de 75 cl, ensuite des cocktails, après cela, nous sommes allés nous restaurer dans une brasserie à Sancerre et puis retour au bar pour prendre quelques boissons digestives ! La nuit se termina chez Laurent et son épouse par un essai de karaoké…

Samedi 15 septembre

Me voici à mon dernier rendez-vous de ce joli voyage. Peu avant que je ne parte, je reçois un jour un appel téléphonique d’une vigneronne de Cheverny qui me dit qu’elle recherche un importateur en Belgique. Je lui dis qu’elle nous envoie des échantillons et s’ils nous plaisent, j’irai lui rendre visite lors de mon voyage. 20Et les vins ont plu ! Me voici donc au Domaine de Montcy à Cheverny. J’y suis accueilli par Laura Semeria. D’origine italienne, Laura était, entre autres, sommelière à Milan et son rêve était de devenir vigneronne. Avec son mari qui est français, ils se sont mis en route pour dénicher le domaine qui permettrait à Laura de passer du rêve à la réalité. C’est ainsi qu’en 2006, ils ont trouvé ce beau domaine dans ce joli coin de Touraine. L’appellation Cheverny existe en blanc, rosé et rouge et les vins sont à base de cépages connus : sauvignon et chardonnay pour les blancs et pinot noir, gamay et côt pour les rouges. Par contre, l’appellation Cour-Cheverny n’existe qu’en blanc sec ou moelleux et les vins sont à base de Romorantin, cépage local d’origine bourguignonne implanté par François 1er en 1519. Les vins sont issus de l’agriculture biologique. La dégustation m’a conforté dans l’idée d’importer les vins de Laura que nous aurons le plaisir d’accueillir lors de notre dégustation d’automne.

Etat sanitaire des raisinsPendant ce voyage, j’ai pu vérifier l’état sanitaire des raisins et je peux déjà vous dire que, contrairement à ce qu’annoncent certains médias, 2012 sera une très belle année qualitative à partir de la Bourgogne. Par contre, plus on monte vers le nord, plus ce sera compliqué, notamment en Champagne et dans certaines parties du vignoble du Val de Loire. Certaines appellations ont été touchées par un gel très tardif et par des attaques de mildiou. J’ai vu dans certaines vignes, une seule grappe de raisin tous les deux ou trois pieds.
Et voilà, un magnifique périple qui s’achève avec, au risque de me répéter chaque année, plein de grands souvenirs dans la tête.

Dominique
Laura Semeria

Par delà l’océan

Depuis longtemps nous en rêvions de franchir l’océan et de découvrir le Québec, titillés par une parenté proche mais inconnue et quelques amis rencontrés tout au long de dégustations en France. En ce début d’automne, nous avons donc atterri à Montréal et loué un camping-car pour trois semaines. Sur la route toujours, mais toujours chez nous, nous avons ainsi parcouru trois mille kilomètres dans la vaste Province, conscients de n’en visiter qu’une infime partie.
Nous avons coutume de dire qu’un arbre et une flaque d’eau suffisent à notre bonheur, c’est assez dire que nous avons été comblés par ce pays où se succèdent à l’envi forêts, lacs et rivières. Le fleuve Saint-Laurent, par sa présence imposante, ressemble à la mer qui se mêle et se fond dans l’océan. Que d’eau, que d’eau ! Et quelle palette de couleurs offraient les forêts en cet automne débutant, à faire pâlir d’envie tous les peintres impressionnistes. Les gens du cru appellent à raison cette période le festival des couleurs.

Autour du vin. Tant de régals pour les yeux et l’esprit ne nous ont pas fait oublier notre intérêt immuable pour le vin. Première difficulté cependant : nous n’avons pas pu évidemment emmener notre cave à vins comme nous le faisons habituellement, alors où se fournir ? Ce n’est pas trop compliqué car hormis quelques vins distribués par les supermarchés (sous contrôle toutefois), la régie d’état, soit la Société des Alcools du Québec ou SAQ, se charge de la sélection et de la vente des boissons alcoolisées. On trouve ses magasins partout au Québec, plus ou moins bien achalandés selon l’importance du lieu. L’avantage pour le client consiste en une sélection sérieuse, nous y avons trouvé nombre de vins (connus) de bonne facture et bien … facturés car la régie profite de son monopole pour imposer ses tarifs. Ainsi un bon rosé de Fronton, l’un des vins les moins chers, coûte 15,75 dollars canadiens (2O% de moins que l’euro). Ce prix élevé se retrouve souvent multiplié par trois au restaurant, ce qui incite naturellement à la modération. Les Québecois vivent la situation comme une prohibition prolongée, elle freine aussi considérablement le développement de courtiers privés qui doivent se soumettre aux diktats de la SAQ. Beaucoup de restaurants ont trouvé la parade à la cherté des prix, ils ne s’encombrent pas d’une carte de vins, ils proposent simplement aux clients d’amener leurs vins, petits ou grands, sans supplément de prix.
Il existe une autre manière d’échapper tant soit peu à la toute puissance de la SAQ, c’est de faire son vin soi-même.

La pratique semble assez répandue d’importer des raisins de Californie, merlot et cabernet-franc par exemple, et de les vinifier entre amis. Le résultat peut se révéler agréable. Le Québec produit lui-même quelques vins, toutefois l’Ontario proche jouit d’une meilleure réputation en la matière et, manquant de références, nous confessons que nous n’en avons pas goûté. Nos amis québecois amateurs de vins ne semblaient pas très enthousiastes puisque aucun n’a songé à nous les faire apprécier, préférant nous donner du plaisir avec des appellations françaises ou des vins californiens. Parmi ces derniers, nous avons particulièrement aimé le Sine Qua Non 1997 et le Zinfandel Montebello de Ridge 1996, épanouis mais vigoureux encore. D’autres, tout aussi prestigieux, nous ont semblé trop concentrés pour dégager de la finesse. Question de goût assurément !

Le Québec nous a laissé une vive impression de liberté, rendue plus sensible probablement par les espaces immenses qui sans cesse vous entourent. Mais ce pays ne manque pas d’incohérences, le terme de « surréaliste » lui sied aussi bien qu’à notre petite Belgique. Les Québecois dont les expressions savoureuses bien à eux invitent à la bonne humeur, nous sont apparus comme de bons vivants, accueillants et conviviaux, prompts à se moquer d’eux-mêmes. En cela ils nous ressemblent aussi et nous partageons avec eux la qualité appréciable de ne pas nous prendre trop au sérieux. Amis de la langue française, nous la chérissons trop pour la figer dans d’étroits contours académiques.
Vraisemblablement nous ne retour-nerons pas dans la belle Province mais nous garderons au chaud comme un trésor, le souvenir de sa nature démesurée, foisonnante, exaltante comme un feu d’artifices qui se prolonge indéfiniment.

Monique et André Mostade.


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